Être photographe me donne l’impression… d’inventer des histoires.
Figer l’instant c’est comme ?… l’inscrire.
Si un mot devait me qualifier ? généreuse.
C’est dans son studio du 11ème arrondissement de Paris que je retrouve Mathilde. Au fond d’une cour, je pousse la porte m’imaginant déjà l’atelier, rempli d’appareils photos, de peintures ou encore de matières en tout genre ! La porte s’ouvre et me voilà plongée au beau milieu d’une page d’Architectural Digest dans un numéro spécial : « Les plus spectaculaires cuisines de la côte Ouest » ! Mon regard est happé par le spectacle qui s’offre à moi.Mathilde s’affaire à réceptionner une commande, vérifiant chaque détail du produit. De mon côté, je continue de contempler cette cuisine. Ses photographies sont partout. Elles délimitent la pièce, choquent par la beauté des détails et surprennent car c’est la première fois que j’assiste à un tel travail de précision. Nous nous installons à l’angle droit de l’immense îlot central, Mathilde m’offre un café et nous commençons l’interview…
*Ce que pense Sandrine Quétier de Mathilde de L’Écotais.
DES GANGS DE LOS ANGELES AUX ASSIETTES DES GRANDS CHEFS !
DeLouison: Vous avez débuté en tant que photo reporter puis photographe culinaire. À partir de quand vous êtes-vous dit : « Je suis photographe culinaire » ?

Mathilde de L’Écotais : Jamais! J’ai toujours imaginé l’univers du « food » de façon artistique plus que de façon pratique. Je ne me considère pas comme photographe culinaire. Quand j’ai commencé, j’ai tout de suite fait un pont de façon naturelle entre l’art et le « food ». Les ingrédients que produit la terre sont ma palette de couleurs.
C’est votre rencontre avec Alain Ducasse qui a tout changé. Comment êtes-vous passée d’un objet d’étude à un autre puisque vous avez débuté votre carrière comme reporter terrain ?
Je suis passée de l’un à l’autre par opportunité, par le hasard de la vie. D’abord parce que j’ai changé de vie à ce moment-là. Lorsque j’étais reporter terrain je faisais des sujets de fond dont un qui concernait les gangs de Los Angeles. C’est le gilet par balles qui a arrêté la balle. Cela m’a fait réfléchir. J’ai eu moins envie…

Alors je suis rentrée à paris. J’ai appris qu’Alain Ducasse cherchait un regard neuf. Un photographe ne venant pas de l’univers culinaire pour regarder les aliments autrement. À l’époque c’était un métier qui était très codifié. Il l’est toujours d’ailleurs. Les photographies de cuisine étaient des visuels régressifs. Cela devait nous rappeler nos vacances à la campagne ! Il a été facile de tourner le « food » vers autre chose car tout cela ne me parlait pas.
Vous êtes designer, photographe plasticienne, réalisatrice, directrice artistique, comment vous définissez-vous ?
Si on ne me qualifie pas c’est bien ! Je n’aime pas entrer dans des cases !
La « Mathilde de l’Écotais » Touch, c’est quoi ?
Regarder autrement pour déclencher chez l’autre une notion différente.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres artistes ?
L’audace ! Dans le côté disruptif beaucoup de gens en parle mais très peu le pratique. Je crois être opportuniste dans le bon sens du terme car cela est indispensable à la création.
Qu’est-ce que vos amis disent de vous ?
Que je suis directe, sans filtre et transparente.
UNE ARTISTE SANS FILTRE
Qu’est-ce que la réussite pour vous ?
Une part de la réussite c’est d’être reconnue auprès de ses pairs, ses enfants avec une juste valeur de soi. Je crois être assez droite et fidèle.







Dans un reportage, j’ai vu que vous portiez un tablier de cuisinier lorsque vous étiez dans votre atelier. Pour créer est-ce que vous pensez à des plats ? Goûtez-vous les aliments avant de les photographier ?
Je goûte tous les plats que je photographie. Je travaille avec une veste de cuisiner ou un bleu de travail selon les lieux où j’exerce. Si je fais des photos de plats, il peut m’arriver d’avoir une veste de chef.
Un aliment que vous ne vous autorisez pas à photographier ? Difficile à appréhender ?
La viande rouge. D’abord parce que je n’aime pas ça… mais ce serait certainement un joli challenge !
UNE FEMME D’INFLUENCE

Quel est le message que vous souhaitez véhiculer au travers de votre travail ?
J’essaie
d’être engagée auprès de la planète. Montrer la beauté de ce que la
terre produit. Chaque design qu’elle a fait, a servi a plein de
disciplines. J’ai envie d’être humble par rapport à la nature. C’est ce
que je souhaite que la photographie montre. Sinon il n’y a plus rien de
possible.
Quelle est votre définition d’une femme d’influence ?
Une femme en qui on peut faire confiance. Il y a un côté protecteur. Une force plus forte qu’une âme.
Le Media Social Food, c’est quoi ?
Beaucoup d’entreprises ont besoin d’images spontanées, rapides et bien faites. Les marques ont besoin d’être bien représentées. Aujourd’hui il y a une génération de jeunes qui sont très forts avec leurs téléphones. J’ai eu envie de mettre en place une formation très rapide de 8 semaines, où ils apprennent à construire un sujet, à filmer et photographier, mais aussi à être employable.
MATHILDE DE L’ÉCOTAIS EN UNE ANECDOTE ?
Je crois que c’est ma capacité à trouver de jolies choses même dans une action ratée. J’ai une facilité à mettre la paire de lunette qui arrange les choses.
QUELLE EST « LA FEMME D’INFLUENCE » QUI VOUS INSPIRE?
Gwendoline Hamon. Une comédienne qui a la capacité de transformer tout ce qu’elle veut comme elle en a envie. Elle peut transformer ce qui la dérange en une mine d’or. Et c’est certainement la personne la plus drôle que j’ai rencontrée !
DeLouison.