On ne va pas se mentir. Ce qui m’a poussée à aller au cinéma ce jour-là c’est surtout le casting d’exception : François Civil, Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz… non vraiment j’étais obligée d’y aller. Parce que la thématique sous-marin… n’a pas été le premier moteur de persuasion !
Puis je me suis exposée à la pellicule sans savoir que j’allais exploser.
Quand on y pense, aller au cinéma c’est une expérience, un saut dans l’inconnu. On se déplace, on s’installe mais on ne sait jamais dans quel état on va en ressortir.
Est-ce que j’exagère si je dis qu’à la sortie du film j’étais chamboulée, transpercée de sentiments différents sur lesquels j’essayais de mettre des mots ? À tel point que j’y suis retournée. Comme un besoin de comprendre ce qui m’avait tant bouleversée.
Je vais essayer de vous l’expliquer.
Le chant du loup c’est avant tout un film qui se regarde pour la beauté des silences. Les bruits sourds de la mer, l’immensité des plans, la démesure des sous-marins qui créent une atmosphère à la fois terrifiante et apaisante.
Les sons qui émanent des machines, les « bip » des radars, le bruit des claviers, le son des crayons qui se cassent sur les grandes feuilles de calculs, le choc de la vague… tout résonnent en nous. Comme si les sons atteignaient nos cordes sensibles, embellissaient nos émotions et traduisaient l’intraduisible : notre sensibilité.
Une ambiance assourdissante, stressante, incontrôlable. Puis des gros plans, en silence qui lisent les pensées des personnages. Impossible de respirer. Le récit nous embarque.
On respire, on s’immerge, en reprend notre souffle. Entre temps on s’accroche au bras de notre voisin, on tire notre pull au dessus des yeux et on tente de contrôler nos émotions par un va-et-vient incessant de croisement de jambes.
Une des plus belles scènes est incarnée par François Civil qui incarne le rôle de Chanteraide, l’oreille d’Or, expert en guerre acoustique. Sa mission est de détecter si un sous-marin s’approche et menace leur mission. Une sorte d’oreille absolue des océans. Sa vie, il la vit au travers des sons des mers et des engins.

Alors qu’il rentre chez lui, obsédé par un son qu’il n’a pas réussi à identifier, il s’étend sur son canapé et se replonge dans la situation. Le temps s’arrête. Il entend avec précision ce son indétectable qui l’obsède. Et nous, on plonge avec lui. D’où vient ce son ? Pourquoi il ne le reconnaît pas ? On a envie de le prévenir qu’il s’agissait bien d’un sous-marin et qu’il avait raison !
Et c’est en même temps que j’écris cet article que je comprends ce qui m’a tant bouleversée. Je crois que l’on devient acteur du film. C’est pour cela que l’on est pris dans le tourment de l’histoire. On est nous aussi dans le sous-marin et on a envie d’hurler ce qu’on voit, ce que les personnages ne savent pas, ne voient pas.
Tout à coup j’avais envie de tout connaître de la guerre acoustique, des marins, de la marine, des engins nucléaires, des sonars et faire partie de l’équipage.
Le chant du loup c’est une alchimie parfaite entre les acteurs. Sans recul, confinés dans une machine à des milliers de profondeur ou dans les airs, perchés dans un hélicoptère.
En trois mots ? Silence, osmose et immersion.
Antonin Baudry, nous prouve qu’il est possible de faire du cinéma français à la hauteur d’un film (avec un budget) américain. Il met en lumière un sujet peu connu pour ne pas dire inconnu. Il nous prouve son talent. Pour sa toute première réalisation, porté par sa passion, il démontre à tout un chacun qu’un rêve n’est pas un rêve quand il devient un objectif.
DeLouison.