Alors que j’attendais Jennifer dans le grand salon situé à l’accueil, plongée dans la lecture du livre de Morgane Ortin…je suis tout à coup devenue Andy Sachs dans Le diable s’habille en Prada.
Je me suis dit : « OK ! Les femmes d’affaires à l’américaine n’existent donc pas que dans les films ! »
J’assistai les yeux grands ouverts à l’arrivée de Jennifer, qui semblait être une de ces femmes qui passe les tourniquets des grands buildings, dans une tenue et une démarche parfaite !
Être une femme en 2018 c’est…s’assumer.
Si tu avais le pouvoir d’influencer une chose ce serait…le monde.
Être une femme d’affaire c’est comme …une partie de plaisir.
Une routine à ne pas rater…le réveil avec son mari.
Si je devais changer quelque chose ce serait…rien.
Si un mot devait me qualifier ? Insaisissable.
Une chose que vous aimeriez faire mais que vous n’avez jamais osé faire ? Je ne me prive de rien car j’ai peur de le regretter.
Une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ? Je pense qu’on a vraiment fait le tour ! Mais bonne chance pour le retranscrire ! (Rires).
Le parcours de Jennifer, des hôtels***** au Tapis Rouge !
DeLouison (DL) : Quel est ton parcours et comment a débuté ta carrière dans le show-business ?
Jennifer Paciello (JP) : J’ai un parcours très atypique, à l’âge de 18 ans je suis partie vivre en Irlande. J’y ai fait toutes mes études après BAC. J’ai donc passé un Master (BA hons) en Marketing à la Dublin Business School.
Je suis revenue en France à l’âge de 22 ans. J’ai travaillé pendant un an à l’hôtel de Crillon à en tant qu’assistante communication. J’y ai découvert notamment le métier d’attachée de presse. Au bout de 6 mois, notre responsable, Elodie Piège, une femme à qui je dois beaucoup soit dit en passant, car c’est une femme brillante aux côtés de laquelle j’ai beaucoup appris, est partie. Nous nous sommes retrouvées avec une fille qui est devenue depuis une de mes très bonnes amies, à la tête du pôle. Nous étions sans « maman » (rires), ce fût difficile mais très formateur !

J’ai repris mes études pour obtenir un master spécialisé en Communication et Management d’évènements à l’EFAP Paris (Ecole Française des Attachés de Presse). J’ai trouvé ensuite un stage pour travailler à la direction de la communication de Siemens France. C’était une autre expérience !
Au bout de 7 ou 8 mois, l’hôtellerie m’a beaucoup manqué, j’ai alors cherché un poste dans l’hôtellerie de Luxe. J’ai eu la chance d’être embauchée en qualité de Responsable de la Communication au Burgundy Paris. Là-bas j’y ai rencontré beaucoup de monde ce qui m’a permis de me forger mon « réseau ».
D’ailleurs petite aparté, quand je dis réseau, je m’entends, car en vrai, quand j’aime, j’aime et quand je n’aime pas, je n’aime pas (rires). Je pense que de nos jours cela se fait rare dans nos métiers. Tout le monde est plutôt à faire « ami-ami » parce qu’il s’en sent obligé pour le « réseau ». C’est triste mais c’est une réalité les gens ne se fréquentent plus que par intérêt.
Je crois beaucoup au Karma et c’est ce qui rend, je pense, mes relations avec les gens très saines. On dit souvent : « Pour en arriver là il faut avoir un réseau » ou bien « Sans réseau dans le milieu tu ne fais rien » etc.. ! Mais la vérité c’est que je ne dirais pas que j’ai « un réseau », j’ai seulement beaucoup d’amis (rire) ! Et pour le reste on ne le doit qu’au travail !

Pour en revenir à mon parcours, j’ai rencontré, il y a 4 ans, au cours d’un déjeuner Caroline Receveur que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam et depuis on ne s’est plus jamais quittées (rires). Quelques semaines après notre déjeuner, Caroline qui cherchait une personne pour s’occuper d’elle, m’a demandé si je pouvais l’aider. De fil en aiguille on est vraiment devenues business partner.
Et parce qu’on est des filles bien, tout nous a plutôt réussi jusqu’à maintenant et je touche du bois pour que ça continu (rires). Le bien attire le bien ! Enfin je crois …
Une femme d’affaire… un concours de circonstances…
DL : C’est après ta rencontre avec Caroline Receveur que tu es devenue agent?
JP : Oui et non ! J’étais déjà plus ou moins agent de chefs. C’était une autre ampleur mais en travaillant pour un hôtel vous gérez aussi les contrats des chefs, leur image, etc… donc j’avais déjà cette casquette là. Puis étant mariée à un Chef Pâtissier reconnu (nb : Nicolas Paciello) j’avais vraiment déjà cette casquette-là (rire) !
Pour Caroline j’ai juste continué à faire ce que je savais faire. Et aujourd’hui je pense qu’elle a réussi à devenir une personnalité qui en quatre ans est devenue une célébrité « qui compte » dans le paysage médiatique français.
Je lui dois beaucoup, on se doit beaucoup (rires) ! C’est notre rencontre qui a un peu changé nos vies et on est très reconnaissantes l’une envers l’autre de cela. Deux ans environ après notre rencontre nous avions tellement de gros projets ensemble que j’ai arrêté mon travail dans l’hôtellerie de Luxe et je me consacre désormais qu’au métier d’Agent Artistique.
DL : Tu ne t’es jamais dit qu’un jour tu serais auto-entrepreneuse ?
JP : Non jamais !
DL : Et de l’être aujourd’hui ?
JP : À l’époque je ne comprenais pas les gens qui disait : « Mais moi je ne peux pas avoir de patron ! ». Je n’ai jamais eu aucun problème avec l’autorité. Faut dire que dans le luxe l’autorité c’est très primordial et pyramidal. Mais maintenant que je suis auto-entrepreneuse, je me dit : « Mais mon Dieu je n’arriverai jamais à retourner en entreprise classique ! » Donc je stresse de me dire que peut être un jour ça n’ira plus et qu’il faudra peut-être que je retourne travailler au sein d’une entreprise. Et pour le coup je ne suis pas sûre d’avoir le cran de revenir en arrière ! Je choisirai à la place de devenir productrice … de fruits ou légumes, pour être au plus proche de la nature (rire) !
DL : Le moment clé qui à fait que tu es devenue une femme d’affaire ? Et d’ailleurs, est-ce que tu t’es déjà dit que tu étais une femme d’affaire ?
« Moi je veux être une femme d’affaire avec plein de téléphones qui sonnent partout »
JP : Non ! (sourire) Mais quand j’étais petite, je disais toujours à ma mère : « Moi je veux être une femme d’affaire avec plein de téléphones qui sonnent partout »…
DL : Et c’est le cas aujourd’hui ! (Rires)
Car depuis le début de notre rencontre le téléphone de Jennifer n’arrête pas de sonner !
JP : Mais à l’époque je voyais ça beaucoup plus sexy que ça ne l’est maintenant (rires)! Mais petite j’ai toujours aimé gérer pleins de choses. Je m’ennuie très vite, j’ai un esprit vif, et s’il n’est pas alimenté je déprime ! Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression d’être une femme d’affaire mais de faire ce que j’aime et je m’en sens chanceuse ! Je dis toujours à mes assistantes, ne négliger personne car vous ne savez pas à qui vous vous adressez. On m’a prise de haut quand j’étais stagiaire, et aujourd’hui ces personnes se retrouvent à devoir me rendre des comptes ! Donc si j’ai un conseil à donner c’est de toujours être respectueux de tout le monde vous ne savez jamais de quoi la vie sera faite !
DL : Le fait d’être une femme dans le monde de l’entreprise –sans stigmatiser le statut de la femme- a-t-il déjà été un problème pour toi ? As-tu ressenti qu’être une femme c’était un problème, une barrière ?
JP : Dans l’hôtellerie, pas du tout car c’est tellement hiérarchisé que vous ne pouvez pas le ressentir. Au jour d’aujourd’hui, c’est différent. Lorsque je fais des rendez-vous – en plus je suis jeune et un peu coquette- parfois je ressens un regard différent. Par exemple récemment nous avons eu un rendez-vous avec deux hommes plus âgés qui ont un très beau parcours, etc… et qui nous ont, au départ, un peu pris de haut. Et finalement en sortant du rendez-vous ils nous ont dit : « Ok ! En fait vous allez bientôt nous annoncer que vous allez racheter notre boîte ! » (rires). C’était pour rire mais c’était pour montrer que ce n’est pas parce qu’on a moins de 30 ans qu’on ne sait pas où on veut aller. En plus nous sommes très fermes dans nos valeurs et nos positions… Et parfois je sens qu’être une femme et jeune, c’est une accumulation qui ne me crédibilise pas tout de suite en rendez-vous (rires).

DL : Quelle est la chose qui te guide, ton mantra, l’élément que tu n’as jamais oublié depuis le début de ton parcours ?
JP : Je pense que je peux mourir demain. Mais vraiment. Beaucoup de gens le disent mais moi je le pense foncièrement. Je veux pouvoir me dire que j’ai aimé ma vie et je ne changerai rien à chaque détail de ma vie. Cela implique de vivre une vie très passionnée et passionnante. Il faut avoir les épaules pour cela, mais c’est la façon dont je conçois ma vie. J’ai aussi un parcours privé qui fait qu’il est important pour moi de me rappeler que tout peut s’arrêter demain.
DL : Être auto-entrepreneuse ce n’est pas un choix mais c’est plutôt les étapes de ton parcours professionnel et les rencontres qui t’ont guidées jusqu’ici. Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes qui veulent se lancer mais qui ont peur. Est-ce que tu as un conseil ?
JP : Je suis passionnée mais raisonnée. À la base je suis matheuse ! Je me suis toujours lancée à corps perdu mais j’avais toujours un plan B dans mon sac.

Lancez-vous OUI mais pour atteindre ses rêves il faut d’abord se donner les moyens de les atteindre. Car si mon rêve aujourd’hui c’est de vivre d’amour et d’eau fraîche sur une île déserte, je ne sais pas si le choix serait hyper judicieux là tout de suite maintenant (rires) ! Faut rêver mais avoir des rêves réfléchis (rire). Ce que je veux dire c’est qu’il faut se lancer pour atteindre ses rêves mais être raisonné tout de même car la chute peut être dure. On apprend de ses erreurs seulement si on sait pourquoi on les a faites, sinon on n’apprendra rien du tout… Si par exemple vous vous lancez dans un projet sans l’avoir panifié de A à Z avant, comment allez-vous savoir ce qui n’a pas fonctionné et ce qu’il faut changer pour atteindre votre rêve en cas d’échec ?!
Une femme d’influence, un rêve d’enfant ?
DL : J’aimerais m’intéresser à la femme d’influence que tu es. Car l’influence c’est aujourd’hui un mot qui peut-être négativement connoté. Je voulais d’abord connaître ta définition de l’influence ?

JP : L’influence peut-être partout et nulle part … Mais pour moi une personne influente c’est une personne qui nous influence malgré elle. Assez bizarrement en girl power que je suis, je suis plutôt inspirée par des hommes, tels que Steve Jobs ou encore Elon Musk. Deux hommes passionnés, qui ont envie d’envoyer un peu de rêve dans nos vies au travers de nouvelles inventions. Ils nous prouvent d’ailleurs que tout est possible pour le peu qu’on en ait l’envie.
DL : Est-ce que tu as l’impression d’avoir de l’influence aujourd’hui ?
JP : Non vraiment pas. Je crois que la seule personne que j’influence c’est mon mari (rires) !
DL : Est-ce que tu penses apporter quelque chose aux gens par le biais de ton travail ?
JP : Non, mais je l’espère en tout cas. Quand j’étais petite mon rêve c’était de pouvoir changer la vie d’au moins une personne et aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir au moins changé la vie d’une personne… La mienne (rire) !
DL : Tu te renouvelles sans cesse ?…
JP : Oui car je m’ennuie vite !
DL : Est-ce que tu as un plan d’action ?
JP : J’ai pas « UN » plan d’action mais « DES » plans d’action… mon mari dit que j’ai sous mon oreiller le plan d’action de ma vie entière et de celles de nos futurs enfants (rire)! Je sais où je veux être quand je serai plus vieille. Je ne sais pas encore comment y arriver mais petit à petit je place mes pions. Mais je me laisse tout de même l’opportunité de vivre et d’être agréablement surprise par la vie !
DL : Quel est ton conseil pour réussir ?

JP : Je ne pense pas qu’il y ait de conseil pour réussir. La réussite est propre à chacun. La réussite se situe au même endroit que notre bonheur. Donc tout dépend: Quel est votre bonheur ?
DL : Quels sont tes objectifs aujourd’hui ?
JP : Ne pas me perdre en chemin. J’aime la femme que je suis, les valeurs que j’ai et j’espère que le monde dans lequel on vit ne va pas m’enlever ma joie de vivre et le plaisir que j’ai à faire ce que je fais. C’est très important pour moi de me sentir « heureuse ». On a qu’une vie après tout !!
DL : Est-ce qu’il y a un rêve que tu souhaites atteindre ?
JP : Fonder ma famille.
DL : JENNIFER PACIELLO EN UNE ANECDOTE ?
JP : Je suis une multitude d’anecdotes ! Dans le business on m’appelle « le dragon » car je suis très dure. Quand j’ai une idée en tête, ni l’argent ni rien ne me fera changer d’avis. Alors que dans la vie privée, je suis une guimauve. Je suis une ultra-sensible et les choses de la vie peuvent me toucher profondément. Je suis deux personnes complètement différentes et c’est parfois difficile à porter.
Quand les gens ne vous connaissent pas, vous entendez des choses qui sont aux antipodes de ce que vous êtes réellement. On oublie parfois qu’au travail nous mettons tous un masque…
DL : Et je suppose que tu n’as pas le droit à l’erreur si on t’appelle « le dragon » ?

JP : Parfois il faut savoir être souple. Mais quand vous gérez l’image de personnalités vous ne pouvez pas vous permettre de faire des erreurs. Mais tout le monde ne m’appelle pas le dragon hein ! (rire)
DL : QUELLE EST « LA FEMME D’INFLUENCE » QUI T’INSPIRE EN 2018 ?
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JP : C’est évidemment Caroline Receveur. Comme elle l’a dit dans son livre, chaque déjeuner ensemble se transforme en brainstorming. C’est comme si j’avais trouvé mon âme sœur professionnelle et amicale, on se tire mutuellement vers le haut. C’est incroyable et assez fou vu de l’extérieur mais c’est une personne que j’admire pour la confiance qu’elle m’a donnée, et pour tout ce qu’elle est. C’est pour moi une femme influente et inspirante.
DL : Qu’elle est la personne que tu souhaites que j’interview afin de continuer ce cercle de femmes d’influence ?
JP : Anne Duval, ma directrice de production qui est la femme de Thierry Boyer, le directeur de Mixicom et de Talent Web. Anne est une femme inspirante, d’une douceur sans nom et c’est définitivement une femme d’influence.
On parle souvent de l’ « American Dream » mais qu’en est-il du rêve français ? Ne faudrait-il pas le nommer ne serait-ce que pour donner l’illusion de son existence ? En tout cas une chose est sûre, Jennifer nous démontre que le « rêve français» est bel et bien réel !
Si je ne devais retenir que l’essentiel…
Jennifer, c’est la Miranda Priestly 2.0 mais avec uniquement les bons côtés du personnage. Car si on l’appelle « le dragon » pour refléter sa détermination et sa rigueur au travail, cette interview fut ponctuée par son rire, sa bonne humeur et sa simplicité.
Merci Jennifer de m’avoir permise de te rencontrer. En tant que jeune entrepreneuse tu m’as inspirée et surtout, j’ai compris à bien des égards que « La réussite se situe au même endroit que notre bonheur » et jusque là, je n’y avais pas pensé…
DeLouison.